07 Temoignage de Soeur Yolande MEURANT
De sœur Yolande Meurant.
« … Dès le premier abord, bien sûr, mais surtout quand on a pu vivre dans son rayonnement, on était émerveillé de voir à quel point il était dévoué aux autres, et surtout à ses chers enfants handicapés pour qui il avait une vraie tendresse, je dirais presque une tendresse « maternelle ». Dévouement allant jusqu’à l’oubli de soi. Il ne pouvait voir une misère sans vouloir à tout prix la secourir. Que de fois je l’ai entendu dire lorsqu’il apprenait un cas malheureux : « Qu’allons-nous faire ? Il faut absolument que nous fassions quelque chose. Vraiment, je ne fais pas assez ». Et malgré l’œuvre merveilleuse qu’il a réalisée au prix de combien de fatigues, du don total de soi, il ne s’en attribuait aucun mérite. L’effacement, l’humilité, l’esprit de service étaient vraiment ses caractéristiques. L’œuvre de Gatagara? mais c’était l’œuvre du Seigneur, pas la sienne. Et, de fait, il avait une confiance illimitée en la Providence, confiance que du reste il ne cessait de prêcher. Confiance sur le plan spirituel; confiance sur le plan matériel aussi… Il fallait de nouveaux bâtiments… Il voit à Kigali un préfabriqué, exactement ce qui convenait pour un atelier. La caisse était vide ou à peu près. Qu’à cela ne tienne : la Providence est là… et notre Padri conclut le marché. La date est fixée à laquelle le payement doit se faire. Le temps passe. On arrive à deux jours de l’échéance : la caisse est toujours vide… Mais voilà que la veille, il reçoit un chèque du montant exact de la somme à payer, à un franc près… Bien sûr, il avait de nombreux soucis d’ordre financier, mais ceux-ci n’étaient pas ceux qui le préoccupaient le plus, mais bien celui d’un esprit à garder à Gatagara, l’esprit évangélique, le service des plus humbles, des plus déshérités, la disponibilité, l’accueil. Cet accueil qui le caractérisait vraiment… Cette bonté qui le caractérisait, il voulait qu’elle soit aussi la marque de Gatagara. La principale consigne donnée aux éducateurs et à tous ceux qui s’occupaient de nos enfants était de leur témoigner de la bonté. Il disait : « Les enfants doivent se sentir aimés ».
(La sœur Yolande, dont nous rapportons ici le témoignage et qui fut longtemps sa secrétaire, entre autres…, accompagna l’abbé durant son long séjour en clinique à Waremme. Elle nous parle de l’abbé durant ces longs mois d’hospitalisation).
Notre Padri est resté un peu plus d’un an à la clinique Notre-Dame à Waremme. Il était au lit, ne pouvant absolument rien faire par lui-même. Les deux derniers mois, il était même incapable de remuer si peu que ce soit bras et jambes. L’Eucharistie a été célébrée plusieurs fois dans sa chambre. L’une ou l’autre fois, au moment de la consécration, il a pu faire le geste, presqu’imperceptible, de la concélébration. Le dimanche, quand on ouvrait le poste pour écouter la messe radiodiffusée, très souvent, il pleurait au moment de la consécration. La plupart du temps, il ne se rendait pas compte qu’il était en Europe : il se croyait à Gatagara. Se figurant que tel ou tel handicapé venait d’arriver, il me demandait d’aller m’informer s’il avait été bien accueilli, si on lui avait donné un bon endroit pour dormir, s’il n’était pas trop fatigué… Quand on lui donnait un repas, très souvent avant de commencer, il demandait : « Oui, mais est-ce qu’il y en a assez pour les autres? » ou « Est-ce que les enfants ont été servis? » A la messe de funérailles à Waremme, on est venu de partout : de Paris (3 voitures), de Rome, de Vendée, d’Alsace, et bien sûr, d’un peu partout en Belgique. L’abbé Boniface Kanyoni, successeur de notre Padri, avait pu arriver à temps. Il y avait plusieurs Pères des Foyers de Charité. Quarante-cinq prêtres ont concélébré et il y en avait encore au moins une dizaine dans l’assemblée… Entre autres personnalités, l’Ambassadeur du Rwanda à Bruxelles, Monsieur Leburton, Bourgmestre de Waremme. Il y avait également plusieurs Rwandais et beaucoup d’anciens qui avaient travaillé à Gatagara.
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